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Juin 2022

Vous rappelez-vous le monde en 1970? Pierre Elliott Trudeau était premier ministre du Canada, Robert Bourassa devenait celui du Québec, Richard Nixon était le président des États-Unis et les Beatles lançaient leur dernier album, un mois après leur séparation, Let it be.

Pourquoi 1970? Parce que nous venons de connaître la pire première moitié d’année sur les marchés depuis 1970 (quand on regarde l’indice américain du S&P500). Au 30 juin 2022, l’indice du S&P 500 (les 500 plus grosse compagnies américaines) est en baisse de 20.58%, le NASDAQ (compagnies américaines principalement dans le secteur technologique) en baisse de 29.51%, le TSX (bourse canadienne) en baisse de 11.26%, les obligations canadiennes (représentées par XBB, un fonds négocié en bourse) baissent de 13.59% et les obligations mondiales (représentées par VGAB, un fonds négocié en bourse) baissent de 13.59%. Un portrait peu reluisant quand on regarde à court terme, c’est évident. Maintenant que nous savons que la baisse de janvier à juin 2022 a été similaire à celle de 1970, espérons que les mois de juillet à décembre seront également semblables à 1970. Une remontée digne des Patriots de la Nouvelle-Angleterre au Superbowl 51 qui avaient remporté le match alors qu’ils tiraient de l’arrière 28-3 peu de temps après la mi-temps.

Questions fréquentes en rafale

  • Est-ce que ça pourrait continuer de descendre? Oui.
  • Est-ce que le pire pourrait être derrière nous? Oui.
  • Est-ce qu’il y a de belles opportunités actuellement? Oui, pour ceux qui ont un horizon de temps raisonnable. Il y a d’excellentes opportunités actuellement, mais c’est possible qu’elles ne rapportent pas à très court terme et qu’elles prennent un certain temps à se matérialiser.
  • Doit-on s’inquiéter? Non. En échange d’obtenir d’excellents rendements à long terme, même si la majeure partie du temps les marchés montent, il faut parfois passer à travers des périodes de baisse.
  • Est-ce que mon futur est en danger? Non. À moins que vous ayez besoin de retirer la totalité de vos investissements au creux de la baisse, le temps fera les choses et ils remonteront. Si vous aviez des besoins de liquidités à court terme qui étaient prévus, votre stratégie d’investissement a été construite en le considérant.
  • Est-ce que j’ai perdu mon argent? Non. La valeur de vos placements a diminué. Avec le temps, elle remontera. Pour perdre l’argent, il faudrait tout retirer, encaisser la perte, ne plus avoir de placements et manquer le rebond lorsqu’il arrivera.
  • Quand verrons-nous un rebond? Je ne sais pas. La semaine prochaine, dans un mois, dans trois mois; bien que beaucoup de gens essaient de le prédire, personne n’en est capable. Ce qu’on sait, c’est qu’il y en aura un.
  • Est-ce le temps de faire des changements dans mon portefeuille? Ça dépend. Si vous avez de bons placements qui sont bien positionnés pour le futur, même s’ils ne performent pas bien actuellement, le mieux est de ne pas faire de changement. Si ce n’est pas le cas, c’est toujours le temps de faire des changements.

Juin 2022

Après une excellente semaine pour terminer le mois de mai et un début juin plutôt tranquille, la situation a commencé à se détériorer autour du 9 juin en anticipation de la publication des chiffres d’inflation aux États-Unis, qui auront finalement été plus élevés que ce qui était attendu. Cette hausse par rapport au mois précédent était due en grande partie aux hausses de prix dans les secteurs de l’énergie et de l’alimentation puisque l’inflation en excluant ces deux facteurs était quant à elle en baisse pour un deuxième mois consécutif. Ces résultats ont eu comme impact immédiat d’augmenter les attentes vers une hausse de taux d’intérêts de la banque centrale américaine de 75 points de base (qui s’est concrétisée le 15 juin 2022), ce qui a fait augmenter les taux d’intérêts et fait descendre les actions et les obligations en tandem. Au fur et à mesure que le mois avançait, la conversation a commencé à osciller entre inflation et récession.

Perspectives futures

L’inflation partage maintenant la vedette avec un autre thème, la récession. Avec l’inflation, ça fera partie des choses à suivre dans la deuxième moitié de 2022. Le risque de récession augmente, mais le degré d’une telle récession pourrait varier grandement. Vous entendrez peut-être aussi parler d’une récession « technique » dans laquelle les États-Unis sont possiblement déjà à l’heure où on se parle. C’est quoi une récession « technique? C’est un terme compliqué pour parler d’une récession qui n’en est pas réellement une. La norme généralement acceptée pour considérer qu’une économie est en récession est une baisse du PIB (Produit intérieur brut) pour deux trimestres consécutifs. Or, au premier trimestre, les États-Unis ont techniquement connu une baisse de leur PIB même si l’économie roulait à plein régime. Un scénario de récession est définitivement possible, mais pour vos investissements, il est important de se rappeler que les marchés regardent toujours vers l’avant. Donc, les marchés baissent normalement avant qu’une récession soit annoncée et commence à remonter pendant la récession ne soit terminée.

Les résultats trimestriels des compagnies seront importants pour l’avenir à court terme des marchés dans les prochains mois. La « earnings season », c’est-à-dire la période où les compagnies annoncent leurs résultats du dernier trimestre, commence dans les prochaines semaines et c’est ce qui nous permettra de voir s’il y a un réel ralentissement dans les profits des entreprises. Avec des résultats satisfaisants, ça pourrait être de bon augure pour le reste de l’année sur les marchés boursiers. À l’inverse, la volatilité persisterait.

En ce qui a trait à l’inflation, bien que les fils de presses préfèrent mettre l’emphase sur le négatif dans les données, il y a tout de même des signes encourageants. Tout d’abord, tel que mentionné précédemment, en excluant les éléments avec les prix plus volatils tel que l’énergie et la nourriture, l’inflation est en réalité à la baisse depuis le mois de mars. Ensuite, en parlant des prix volatils de l’énergie et de la nourriture, les prix du pétrole, du gaz naturel et de l’essence ont tous diminués durant le mois de juin. Même son de cloche du côté de la nourriture avec plusieurs éléments clés à la baisse en Juin (blé, avoine, soja, etc.). Ce sont de bons signes quant à la résorption de l’inflation dans le futur. Il y a également des signes prometteurs pour l’apaisement des problèmes de chaines d’approvisionnement (prix des conteneurs à la baisse, hausse des inventaires, etc.).

Bref des bonnes nouvelles, il y en a (même si elles ne sont pas populaires à l’heure actuelle). Les problèmes récents n’ont pas à être réglés en entier, il faut par contre que ces bonnes nouvelles se maintiennent et démontrent une tendance dans la bonne direction. Si on voit l’inflation qui continue à ralentir et des profits des entreprises stables dans la deuxième moitié de 2022, nous serons en bonne position et ce pourrait être très positif.

2022 en exemples

Cette année est un bon exemple de comportements émotifs d’investisseurs. Benjamin Graham l’avait bien illustré avec son concept de Mr Market, où il comparait les marchés financiers à un investisseur purement émotionnel qui ne voulait qu’acheter et vendre des compagnies en raison des récentes nouvelles plutôt qu’en se basant sur la qualité de l’entreprise. Voici quelques exemples de compagnie avec la performance de leur action depuis le début de l’année et de leurs profits (données provenant de Refinitiv au 5 juillet 2022) :

  • JP Morgan, – 28.88% depuis le début de 2022, profit en 2021 de $US 48 milliards
  • Apple, -20.28% depuis le début de 2022, profit en 2021 de $US 100 milliards
  • Google, -21.81% depuis le début 2022, profit en 2021 de $US 76 milliards
  • Bank of America, -29.78% depuis le début de 2022, profit en 2021 de $US 32 milliards
  • Microsoft, -21.85% depuis le début 2022, profit en 2021 de $US 71 milliards
  • Amazon, -31.92% depuis le début 2022, profit en 2021 de $US 33 milliards
  • Et la liste continue

À surveiller en juillet :

  • 13 juillet : Décision de la Banque du Canada sur les taux d’intérêts (Hausse de 0.75% attendue)
  • 13 juillet : Données sur l’inflation aux États-Unis (CPI)
  • 20 juillet : Données sur l’inflation au Canada (CPI)
  • 27 juillet : Décision de la Banque Centrale américaine sur les taux d’intérêts (Hausse de 0.75% attendue)
  • 28 juillet : Données estimées avancées sur le PIB des États-Unis
  • 29 juillet : Données sur l’inflation aux États-Unis (PCE)
  • 29 juillet : Données sur le PIB au Canada

Comme toujours, je suis heureux de répondre à vos questions/commentaires.

Mathieu Garand, B.A.A., CIMMD

Dans le secteur de la finance depuis près de 9 ans, Mathieu se concentre sur une approche intégrée de la gestion du patrimoine en bâtissant des stratégies personnalisées basées sur les objectifs de ses clients à long terme. 

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